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  • Julien Ruffet

Pénuries : La moutarde revient timidement dans les rayons parisiens

La moutarde se fait rare dans les rayons depuis le début de la pénurie au mois de mai. À Paris, ceux qui en trouvent déplorent des différences. Pour les autres, il faut changer ses habitudes de consommation.

De la moutarde de Dijon trouvée dans une supérette 8 à Huit parisienne. © LP/Julien Ruffet

« Je ne trouve pas de moutarde ! », se désole Yves Laplace, un retraité du cinquième arrondissement de Paris. La pénurie qui dure depuis le mois de mai impacte le quotidien des Français qui en consomment un kilo par an et par personne. « À chaque repas dominical, c’est la même question : Va-t-on accompagner notre viande de moutarde ? Ces dernières semaines, elle a été remplacée par de la Savora. Mais ça n’a pas le même goût », ajoute-t-il amèrement.

Pourtant, dans un 8 à Huit du XIe arrondissement, le rayon moutarde est achalandé, comme dans un Carrefour Express voisin. « Aux mois de mai et juin, nous n’en avions plus, explique Louisa Hamrat, directrice du Carrefour Express. Si depuis peu, les produits sont revenus en magasin, nous avons moins de choix. En revanche, cela permet de contenter les clients qui s’impatientaient de ne pas en trouver. »

Des moutardes Bulgares et Luxembourgeoises

Plus loin, dans un Franprix du XIIe arrondissement, le condiment est aussi de retour. Mais le président du magasin, Elie Trabelsi remarque une différence... « Ce n’est pas de la moutarde française comme la Maille ou la Amora. Cette fois-ci, nous avons une moutarde Bulgare et une autre Luxembourgeoise », s’amuse-t-il en lisant les étiquettes au dos des pots de verre. Rue de Chanzy, dans l’épicerie Slavmarket, la gérante, Marina Popova, est même parvenue à en importer de Russie. Mais pour elle comme pour les autres commerçants, l’augmentation des prix est généralisée. Selon un baromètre sur le pouvoir d'achat publié par Cofidis mardi 13 septembre, 82% des Français constatent une hausse des prix de l'alimentation.

Une moutarde provenant de Russie dans une épicerie slave. © LP/Julien Ruffet

La précieuse graine, transformée en France ou en Europe, est principalement cultivée en Russie, en Ukraine, au Canada et au Népal. Si le conflit actuel influe sur la production des deux premiers, le Canada, lui, a connu de fortes sécheresses impactant la filière. Quand au Népal, le pays n'exporte pas. Afin de répondre à la demande, les producteurs de Bourgogne ont annoncé doubler leur production en septembre. Le but ? Faire revenir des produits français au sein des rayons d’ici la fin d’année. Mais dans ce schéma, la France restera dépendante du Canada qui représente 80% des graines importés.


En revanche, même si les produits retrouvent le volume d’avant la pénurie, les clients pourraient entre-temps avoir changé leurs habitudes de consommation. « Le manque de ressources peut par exemple encourager une consommation locale, l’utilisation de produits de substitution, le faire soi-même, ou même l’abandon de l’achat du produit devenu trop cher. Concernant la moutarde, qui est un produit de commodité, les gens reviendront plus facilement à leurs habitudes pré-pénurie à la fin de la crise », détaille Régine Vanheems, experte en grande consommation.

Une qualité en baisse ?

Pour ceux qui parviennent à acheter le condiment, le goût diffère parfois. « Depuis la crise de la moutarde, je la trouve beaucoup moins bonne. J’aime la fine et forte qui pique. Je suis parvenu à trouver de la Amora, mais elle n’est plus pareille. Alors si demain cette qualité se généralise, je la ferai moi-même », s’exclame Francesco Maz, un disquaire parisien de 57 ans. Pour l'experte en grande consommation, Régine Vanheems, cela pourrait venir d'un problème de perception du consommateur. «se Notons qu'une baisse de la qualité serait très dangereuse pour la marque, au point de perdre une part de sa clientèle », tempère-t-elle.

L’absence de moutarde a aussi encouragé la consommation de proximité. Alexandra Thibaut, gérante d’une épicerie végane, serait prête à dépenser plus, dans le but d’acheter une moutarde tricolore, quitte à moins en manger. « C'est une manière de soutenir notre économie locale », confie-t-elle.

Si le produit est consommé par huit Français sur dix, l’ampleur de cette pénurie a des limites pour certains. « J’ai connu la deuxième guerre mondiale et les pénuries y étaient tout autres. Je m’en moque si demain il n’y a plus de moutarde, je la remplacerais par du vinaigre ou des cornichons », s’amuse Marguerite Grouin, une retraitée du XIe arrondissement. Pour Alain Lefèvre, 48 ans, le constat est similaire. « Le jour où le pot sera vide, elle ne me montera plus au nez », conclut-il avec ironie.

Julien Ruffet

 

7 faits à savoir sur la moutarde

Un plant de moutarde blanche. © Wikipédia
  • Elle est bonne pour la santé. Peu calorique, elle détient également un pouvoir antioxydant tout en étant riche en sodium.

    • La moutarde se périme rarement. D’ailleurs, il n’est pas nécessaire de la disposer au réfrigérateur pour la conserver.

    • Elle contient uniquement quatre aliments : des graines de moutarde, du vin blanc sec, du sel et du vinaigre.

    • Les premières graines de moutarde sont cultivées en Chine il y a 3 000 ans.

    • La moutarde est une plante de la famille des Brassicaceae comme le brocoli, le chou ou le navet.

    • C’est le condiment le plus consommé au monde après le sel et le poivre.

    • Il existe trois variétés de moutarde, la blanche, la brune et la noire. Chacune ont des goûts et des caractéristiques différentes.



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