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  • Julien Ruffet

TUI France : Licenciés mais pas humiliés

Dernière mise à jour : 4 mars 2021

Mardi 2 mars, la CGT-TUI France se rassemble au tribunal administratif de Cergy (95) en soutien aux 600 salariés menacés de licenciement par le voyagiste français. Le syndicat demande des dommages et intérêts.

Les syndicats manifestent contre le PSE impulsé par la direction de TUI France. © Julien Ruffet


"On a des gosses et une famille à nourrir, alors on va se battre !" lance un homme au gilet marqué « La CGT TUI France ». Sur le parvis bétonné du tribunal administratif de Cergy (95), une enceinte crache du Kenny Arkana et le micro passe de main en main. Ce mardi 2 mars, les salariés du voyagiste TUI France manifestent contre le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) lancé par la direction. Il condamne 600 des 900 poste de la branche française. Si TUI justifie l’initiative par la crise sanitaire qui secoue le tourisme, l’un des deux avocat du comité social et économique (CSE), Maître Xavier Van Geit, relève que ce plan "ne date pas d’hier". TUI France l’a initié en août 2019. Plus qu’une annulation des licenciements, les manifestants plaident des dommages et intérêts. La branche Tui France représente 1,25% des effectifs du groupe à l’international et malgré les aides, le groupe vient d’en supprimer 66% des postes.


Les organisateurs avaient déjà rassemblé plus de 2 000 personnes le 23 janvier à Paris pour dénoncer les pratiques des "corona profiteurs" comme ils appellent dorénavant les patrons des grands groupes. Face aux locaux de la Gendarmerie, les révoltés, drapeau sur l’épaule, se rassemblent autour d’une tente rouge posée à 5 mètres d’un groupe de policiers dépêché en cas de débordement. Sans coin d’ombre ni verdure, la chaleur monte, les voix aussi. Accessible et rassembleuse, Nathalie, la secrétaire générale de l’union départementale CGT se confie : "il faut être pragmatique, on a du mal à envisager l’annulation du PSE malgré l’union que cela permet de créer. Mais on veut que TUI n’ait pas gain de cause."


Nathalie le poing levé. © Julien Ruffet

"Des salariés ont été licenciés en visioconférence et le président de TUI donne les directives depuis son ryad à Marrakech. C’est l’oligarchie !"


"C’est l’oligarchie !"

Au centre des contestataires, un homme détonne. Écharpe bleu blanc rouge sur le buste et crâne fraîchement rasé, il parle dans l’oreille des cégétistes et leur tape dans le dos. Anthony Toueilles est quatrième maire adjoint à Malakoff (92). Encarté La France insoumise, il regrette l’inaction du président de la République sur le dossier. "Aujourd’hui, des anciens salariés sont venus de toute la France. Certains ont été licenciés en visioconférence et le président de TUI donne les directives depuis son ryad à Marrakech. C’est l’oligarchie ! Alors on est là pour les soutenir et demander l’annulation du plan social," explique-t-il en agitant ses mains.


Antony Toueilles, élu à la mairie de Malakoff (avec l'écharpe). © Julien Ruffet


Sud-PTT 92, la CGT Monoprix, la CGT Renault, l’UNEF, CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques), l’Union syndicale solidaire, tous se sont rassemblés sous la même bannière. Ils scandent le non-sens du PSE compte tenu des aides dont a bénéficié le groupe. En effet, l’Etat a versé plus de 10 millions d’euros de charges salariales pour maintenir l’emploi. L’avocat du CSE de TUI France s’en désole, "On a des filets de sécurité qui devrait permettre de tenir bon le temps de la crise, mais on en a profité pour étendre le plan."

À 14h, un groupe de 20 militants s’apprête à entrer dans le tribunal pour l’audience. Les chants reprennent en cœur : "Les patrons licencient, licencions les patrons !" Plus loin, Charles, conducteur de métro à la retraite, soutient son fils Stéphane touché par la restructuration. Timidement, il porte lui aussi le gilet rouge. "La situation du secteur touristique s’est compliquée avec la crise. La seule chose qu’il nous reste est cette communauté de syndicalistes. On est là à chaque occasion de montrer notre mécontentement. Stéphane vivait chez moi avec sa fille. Maintenant, il a un appartement, mais je pense qu’il va avoir des ennuis. Ça m’inquiète.", s'émeut-il la gorge serrée.



Charles, attendant la fin de l'audience. © Julien Ruffet



"Comme d’habitude, ça finit en fête"

Victor, étudiant engagé à l’Unef, a fait le déplacement avec une dizaine de camarades. "Comme les TUI, on est aussi du 92. La problématique des licenciements touchera bientôt notre jeunesse alors on se bat à leurs côtés", étaye l’élève en sociologie.

Sur l’esplanade, Pump It des Black Eyed Peas déchire les tympans des contestataires attendant la fin de l’audience. Devant l’enceinte les irréductibles patientent en dansant. "Ici, il y a une manif par semaine, mais comme d’habitude ça finit en fête," affirme stoïquement Cédric, policier municipal, en entonnant : "Mais comment il s’appelle ? Kanté. N’golo, N’golo Kanté."

À 16h les syndicalistes sortent du tribunal, résignés. Leur avocat prend la parole : "Nous avons mis en avant des arguments solides. Certes, le PSE ne peut pas être légitimé par la crise du Covid, mais n’oublions pas que c’est une entreprise avec un fonctionnement capitaliste où le profit est roi." Le prochain rendez-vous est donné à la mi-mars pour le rendu du jugement. Pour les salariés, le voyage n'est pas terminé.


Charles et son fils Stéphane à la sortie du tribunal. © Julien Ruffet



Un syndicaliste prend la parole à l'issue de l'audience. © Julien Ruffet



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La CGT – TUI France s'est mobilisée, mardi 3 mars, contre le licenciement de 600 salariés. Pessimiste sur l’annulation du plan de restructuration, ils demandent des dommages-intérêts. Si le plan de restructuration est acté, il reste à négocier des dommages et intérêts.


Vidéo pour YouTube et les réseaux sociaux

Résumé de la manifestation en images avec quelques mots d’Antony Toueilles en ouverture. Il explique l’intention des cégétistes. Quelques mots, ensuite, de Charles, le père de Stéphane, il développe un peu son verbatim. La vidéo se conclut avec les impressions de l’avocat.


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Manifestation CGT TUI France : Dernier voyage pour les salariés licenciés

TUI France : 600 salariés menacés, les syndicats le poing levé



Julien Ruffet

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