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  • Louise Pointu d'Imbleval

Obésité : 15% des françaises se sentent stigmatisées par les enseignes de mode

Pas facile de s'habiller quand on est en surpoids. A l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité, des femmes racontent leurs galères dans une société où les grandes tailles sont encore taboues dans l'industrie du textile.



La devanture de la boutique « Ronde en couleurs ». Crédit : Louise Pointu d'Imbleval


Située entre une enseigne de « régime coaching » et une pâtisserie sans gluten, la boutique « Ronde en couleurs » sort du lot. Sa devanture rose et violette a des allures kitsch. Sur la vitrine, en grosses lettres : « Grandes tailles », « L.XL.XXL. », « du 42 au 62 ». Installée dans le quartier de la gare Saint-Lazare, elle est l’une des rares boutiques proposant des vêtements grandes tailles dans la capitale.


Dans une société où les standards de beauté exigent d’être toujours plus mince, les personnes grosses sont exclues. Agnès Maurin, directrice de la Ligue contre l’obésité, rappelle que 7 millions d’adultes en sont « atteints » en France*. Si l’OMS reconnait l’obésité comme une maladie chronique, ce n’est toujours pas le cas dans l’Hexagone. Et si les discriminations proviennent parfois du corps médical, 50% d’entre elles ont lieu dans l’espace public. Pour certains, faire les magasins devient un calvaire, au point de développer une « phobie de l’extérieur ».


Une industrie stigmatisante


« Je ne veux pas de gros dans mon magasin » ou « On n’a pas votre taille ici ! » s’est souvent entendue dire Virginie Devroye en poussant la porte des boutiques de vêtements. A 31 ans, elle peaufine son podcast La grosse parole afin de sensibiliser à la question de la grossophobie , cette stigmatisation envers les personnes obèses ou en surpoids. Aujourd'hui, 47% des femmes de 18 à 24 ans en sont victimes en France, selon un sondage de la Ligue contre l'obésité. Virginie s’est rapidement résignée à ne pas s’habiller dans les grandes enseignes de mode, en constatant que les plus grandes tailles n’étaient pas exposées en magasin, mais cachées en réserve.


« Un gros dans un magasin, ce n’est pas beau. »

Si certaines franchises ont aujourd’hui élargi leur catalogue en proposant des tailles allant jusqu’au 44, elles laissent encore de côté 15% de la population française. Comme Virginie et sa taille 52. Pour autant, de nouvelles marques inclusives voient le jour. C’est le cas de SavagexFenty, qui en plus de mettre en avant les personnes grosses, met aussi en lumière les personnes racisées, transgenres ou porteuses d’un handicap.


Les boutiques spécialisées jouent alors un rôle essentiel dans l’inclusion des personnes obèses. Des enseignes comme « Rondes en couleurs » prônent la bienveillance et une très grande écoute de leur clientèle. Mais Virginie déplore aussi leurs limites : « Les vêtements sont viellots, parfois ringards, et les prix exorbitants ! » 75 euros pour un débardeur blanc. Chez « Ronde en couleurs » : motifs désuets, jusqu’à 800 euros pour un manteau, un agencement qui oblige à slalomer entre les portants, et une étroitesse des cabines d’essayage presque provocatrice.


Si porter ce qu’on aime est déjà un premier pas vers à l’acceptation de soi, la société impose aussi d’être « à la mode » pour s’intégrer. « D’autant plus lorsqu’on est gros. Car dans la tête de beaucoup de gens, l’obésité est synonyme de laisser-aller. »



Une cabine d'essayage chez « Rondes en couleurs ». Crédit : Louise Pointu d'Imbleval



Pour contrer ces limites, la plupart préfèrent acheter en ligne. Mais là encore, le choix des enseignes est assez restreint. Et, les vêtements grandes tailles éthiques ou d’occasion étant rares sur le marché, difficile de faire honneur à ses valeurs lorsque l’on doit céder à l’empire de la « fast-fashion ». Certaines ont trouvé leur solution. Comme Patricia 64 ans, qui fabrique elle-même ses vêtements. « Impossible de trouver une petite jupe en taille 48, alors je me débrouille toute seule. »


Internet : paradoxalement aidant


Grâce à son compte Instagram, Virginie Devroye a recueilli, en à peine un mois, des dizaines de témoignages de victimes de grossophobie. « La parole se libère ». Cependant à l’ère des réseaux sociaux, l’apparence physique est soumise à une ambivalence permanente. Sur la balance se tiennent à la fois le culte de la minceur et l’idée émergente du « body-positivisme » - un mouvement social en faveur de l’acceptation de tous les corps humains, porté majoritairement par les personnes ne rentrant pas dans la « norme ».


Si certains profils aident à accepter son corps tel qu’il est, la majorité des Instagrameurs continuent pourtant d’exclure une partie de la population. Montrer que l’on peut s’habiller aussi bien en étant mince que ronde est une bonne initiative, mais les femmes représentées ne dépassent généralement pas la taille 42.




*étude épidémiologique ObEpi-Roche 2012.


Louise POINTU D'IMBLEVAL


TITRE INCITATIF : « M’habiller est devenu une hantise » : quand la mode pèse sur les grosses


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Instagram : Proposer un live contre-angle. Inviter des femmes maigres qui ont elles-aussi du mal à s'habiller dans les grandes enseignes de mode, et subissent une pression sociale pour entrer dans la "norme".




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