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200 victimes, 8 années de perdu : Massacre à la tronçonneuse

  • Maxime Trédan
  • 5 mars 2021
  • 2 min de lecture

Laëtitia Bertoni est journaliste à La Dépêche du Midi depuis une quinzaine d’années. Elle dirige à présent la rédaction départementale du Lot depuis Cahors. Elle se souvient d’un fait divers qui l’a particulièrement marqué il y a quelques années. Un crime bien rural, sans effusion de sang.


Le « cadavre » d’un chêne truffier retrouvé dans son champ par le propriétaire des lieux, accablé. /Photo DDM.

« C’était il y a 2 ans. J’étais encore seule en poste dans ma petite agence de Figeac. Par un après-midi plutôt calme, je reçois un coup de téléphone sur le poste fixe. Au bout du fil, le maire du petit village de Fons me demande de venir rapidement. Il est assez évasif sur les faits mais me promet que l’histoire vaut le détour.


La commune est à un bon quart d’heure. Je saute dans la voiture siglée du logo de La Dépêche. Arrivée sur place, je retrouve l’édile sur le parvis de sa mairie. On remonte en voiture, direction la sortie du village, pour aller chez un trufficulteur. Je rencontre le propriétaire des lieux, il semble dévasté et, malgré son gabarit de grand gaillard, il a les yeux rougis et la voix rauque. « J’ai tout perdu, m’explique-t-il en haletant. Toutes mes jeunes pousses ont été sciées à la base. »


Dans le champ, en effet, la vision est spectaculaire. Plus aucun arbre ne tient debout. « Il y avait là au moins 200 jeunes chênes truffiers qui devaient avoir 8 ans » commente le maire, toujours à nos côtés. Huit ans. Les arbres devaient commencer à produire des truffes dans deux ans, quatre tout au plus. Le propriétaire des lieux a investi de l’argent mais surtout beaucoup de temps pour mener à bien ce projet. Un chêne truffier ça se cultive lentement, très lentement. Ça demande du soin et de la patience. Pour un résultat incertain. L’or noir du Quercy se mérite !


Pour lui, il faudra repartir de zéro. Il le sait et ne cache pas son désarroi. Mais qui se cache derrière cet acte malveillant ? Accablé par la tristesse, le trufficulteur amputé de son futur gagne-pain peine à trouver des réponses. Un concurrent jaloux ? Des gens du voyage avec qui il est en délicatesse ? Le ou les coupables ne seront jamais identifiés.


L’histoire de cet homme à qui on a volé huit années de sa vie a fait beaucoup réagir dès la publication de l’article. Depuis, il a ressemé des chênes truffiers. Mais cette nouvelle mouture ne devrait pas produire ses fruits avant 2030. Si les arbres parviennent à atteindre la maturité. »


1700 signes.


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