Analyse de la laïcité à la québécoise par une journaliste française
- Ségo
- 5 mars 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 mars 2021
Rachel Binhas, 31 ans, a décrypté les enjeux de la laïcité au Québec, dans un papier pour le magazine Marianne, en 2019. Un sujet complexe et tabou dans une société cosmopolite.
"Montréal. 4 septembre 2019. Je débarque au Québec pour une dizaine de jours d'exploration. Je loge dans une librairie de livres d’occasion, tenue par un couple de quarantenaires autochtones. A ma disposition un studio avec le strict nécessaire, pour mes exercices d’écriture. En échange de ce prêt, j’ai promis à mon hôte de consacrer un papier à son commerce. La question religieuse dans la société québécoise m’interpelle.
Une loi sur la laïcité d’Etat, dite « 21 », est entrée en application dans le pays, après plusieurs mois de polémique. Je me réjouis d’avoir la possibilité de narrer une page importante de l’histoire du Québec. Après quelques jours de déambulation dans la ville, je fais le pied de grue devant l’école publique Saint Barthélemy, à Montréal. Déterminée, j'interroge des parents d’élèves sur cette nouvelle législation. Les signes religieux sont désormais interdits aux fonctionnaires en position d’autorité tels que les policiers, les juges ou les enseignants. Une mère voilée me confie qu’elle est opposée à cette loi. Celle qui vote pour le Parti Libéral du Québec (fédéraliste et multiculturaliste) croit percevoir derrière le texte des intentions dissimulées du gouvernement : l'impossibilité pour les générations futures de porter le foulard. Bercée par le temps doux, ensoleillé de Montréal, je réalise que j’aborde un enjeu crucial de la laïcité, qui divise le Québec. Un autre interlocuteur, un Asiatique catholique juge que cette loi est trop frileuse et qu’elle piétine la société. Captivée par ces divers témoignages, je sens que je tiens un sujet."
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