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Bouleversée par la Covid-19, l’activité physique adaptée contrainte de se réinventer.

Dernière mise à jour : 26 avr. 2021


« APA de Géant » compte plus de 160 adhérents à la salle de sport.


L’accès au sport désormais restreint par la crise sanitaire, les structures spécialisées dans l’activité physique adaptée ont dû bouleverser leurs méthodes. Visioconférence, jeux, et séance à thèmes : « APA de Géant » adopte de nouvelles mesures pour continuer à aider les malades.


Équipement coloré, graffiti violet et photos du personnel décorent les murs de la salle de sport d'« APA de Géant », entreprise spécialisée dans la pratique de l’activité physique adaptée (APA). Ici, plus d'une centaine de personnes malades viennent s'exercer chaque semaine.

Alors que 20 millions de français souffrent de maladies chroniques, l’activité physique et sportive n’est reconnue comme une « thérapeutique non médicamenteuse » que depuis 2016, par la Loi de modernisation du système de santé. Pour Annabelle Grousset, fondatrice d’ « APA de Géant », l’objectif est simple : « Réduire les inégalités d'accès à la pratique d'activité physique adaptée, pour la santé et le bien être des publics ayant des besoins spécifiques. » Femmes enceintes, diabétiques ou encore personnes atteintes d’un handicap mental, cette structure se veut pluripathologique. « Et on accueille les personnes de la crèche jusqu’à l’Ehpad », précise-t-elle.


Le présentiel, maintenu malgré la crise

Anthony Filin, enseignant en APA, prépare la pièce avant d’accueillir ses prochains pratiquants. Située au sein de la Maison de Santé d'Epinay-sous-Sénart, en Essonne, les adhérents viennent pourtant de toute l'Ile-de-France. Si la décoration rappelle celle des gymnases d’école, tout semble mis en oeuvre pour encourager à l'entraînement. Aujourd’hui, la séance est prévue pour un groupe de séniors en affection longue durée. Sur cinq personnes, seul un couple est venu cet après-midi. Marie-Odile et Patrick Dauneau, âgés de 78 ans, suivent ce cours pour la seconde fois. Souffrant l’une d’un cancer du sein, l’autre d’un cancer de la prostate, leur médecin traitant leur a conseillé de reprendre une activité.


« On s’intéresse à leurs capacités plutôt qu’à leurs incapacités ».

Férus de marche nordique, les différents confinements les ont contraints à cesser leurs randonnées hebdomadaires. « Puis la sédentarité s’est peu à peu installée… », déplore Patrick. Problème de santé publique, la sédentarité augmente le risque de bon nombre de pathologies. En 2008, elle concernait déjà 40% d'adultes. Mais chez « APA de Géant », pas question d’évoquer la maladie. « On considère être face à des citoyens et pas face à des malades. On s’intéresse à leurs capacités plutôt qu’à leurs incapacités », insiste Annabelle Grousset.




Patrick et Marie-Odile Dauneau viennent de terminer leur séance.


Malgré les restrictions sanitaires, « APA de Géant » parvient à maintenir des séances sur place. La salle de sport permet d’accueillir six pratiquants à la fois, chacun disposant de 4m2 d’espace de travail. « Un marquage au sol matérialise la zone de chacun, afin de maintenir la distanciation sociale », indique Anthony. En effet, même si la Convention collective nationale du sport ne semble imposer de protocole sanitaire particulier, « APA de Géant » met en place certaines mesures pour assurer ses cours, destinés à des personnes plus vulnérables. Matériel individuel, désinfectant et masque obligatoire pour l’enseignant ; on limite au maximum les risques de contamination. Aucune personne extérieure n’est d’ailleurs autorisée à entrer dans la salle pendant la séance.


Malgré la volonté du personnel de maintenir le lien social et habitués à faire travailler leurs pratiquants en binôme, il a fallu s’adapter. Fini les échanges de balles et les étirements en duo, « on doit modifier nos exercices pour la sécurité de ces personnes, déjà fragiles », ajoute Anthony. Mais les pratiquants, heureux de pouvoir sortir malgré le confinement, ne se découragent pas. Si les échanges physiques sont désormais restreints, les échanges verbaux sont pour leur part décuplés. « Certes aujourd’hui nous ne sommes que tous les deux », s’amuse Marie-Odile, « mais nous avons fait de belles rencontres et nous restons tous en contact même en dehors des séances ! ».



Aussi paradoxal soit-il, « APA de Géant » observe une augmentation de son nombre d’entrainements depuis le début de la crise sanitaire. Entre la sédentarité et la volonté de reprendre contact avec le monde extérieur, de nouveaux publics - souvent plus jeunes - reprennent doucement le sport grâce à l’activité physique adaptée. « A l’ouverture de la structure on comptait 72% de séniors, aujourd’hui on n’en compte plus que 56% », précise Annabelle Grousset.










Les pratiquants désinfectent eux-mêmes le matériel à la fin de chaque séance.



La visio-conférence : un outil nécessaire…


En dehors de la salle de sport, les cours d’APA se poursuivent à la maison pour les pratiquants... et les enseignants. « Mathilde, on s’échauffe ! ». Tanguy Douguet, 25 ans, motive ses élèves à travers le micro de son ordinateur. Lui aussi enseignant chez « APA de Géant », il donne, depuis son salon, un cours en visioconférence à des enfants souffrants d’obésité. « Depuis le mois d’octobre, 20% de mon travail se fait en distanciel », soit environ quatre séances par semaine. A l’étroit entre sa table à manger et sa baie-vitrée, il entraîne huit enfants de 8 à 14 ans.


En colocation dans 65m2, Tanguy Douguet dispose de peu d'espace pour assurer ses cours.

Si ses séances se construisent toutes de la même manière - échauffement articulaire puis musculaire et cardia-respiratoire, corps de séance et enfin étirements - Tanguy prend toujours en compte l’âge et la pathologie des participants. Et avec les enfants, il faut faire preuve d’imagination pour les motiver. Après la zumba et le handball, il opte cette fois-ci pour le thème des Jeux Olympiques. Quoi de mieux qu’un peu de challenge pour vouloir se surpasser ? Natation, athlétisme et même canoë-kayak, les enfants goûtent pendant une heure aux célèbres épreuves des jeux les plus connus du monde… depuis chez eux. En athlétisme, le 100 mètres se transforme en course d'une minute sur place. Et pour la nage, les enfants s'allongent sur le ventre et miment les mouvements du crawl.


En plus des enfants, il travaille également à distance avec des personnes âgées. « Avec les seniors on travaille principalement l’équilibre, tandis qu’avec les petits on est surtout sur de la remise en forme et du renforcement musculaire », explique-t-il.

Grâce à la visioconférence, ils continuent alors à pratiquer une activité physique à hauteur de deux séances à distance par semaine, même pendant les vacances scolaires. A la fin des « JO », certains n’hésitent pas à partager, avec fierté, leur dernier record à leurs parents. D’après Tanguy, les bienfaits sont autant physiques que psychologiques. Privés des cours de récré, les enfants sont heureux de retrouver des amis virtuels. Pour autant, il n’est pas toujours évident de pratiquer chez soi.

… qui atteint rapidement ses limites

« Mais, comment on court un 100 mètres sur place ? ». La visioconférence atteint rapidement ses limites. « Tous les participants ne disposent pas du même espace de travail, certains vivent dans de petits appartements et n’ont pas de pièce où s’isoler pendant une heure », admet Tanguy.

Matériel informatique moins performant, connexion internet plus lente ou encore webcam non amovible… Si la technologie est un atout majeur dans la poursuite des séances d’APA, elle représente aussi une difficulté supplémentaire. « Difficile de voir ce que mes élèves font derrière leur caméra et je ne peux pas corriger leurs postures. La plupart de mes cours se font à l’aveuglette ». Mais le distanciel permet tout de même à des personnes de différents départements d'assister à leur séance sans avoir à se déplacer jusqu’à la Maison de Santé.


« La plupart de mes cours se font à l’aveuglette ».

Déjà limitée d’accès, Annabelle Grousset s’indigne du manque de moyens développés en faveur de l’activité physique adaptée. « Notre métier n’est pas reconnu et il est difficile de trouver des lieux de pratique ». Aussi appelée « sport sur ordonnance », l’APA n’est pourtant pas remboursée par la sécurité sociale et reste à la charge du patient. Chez « APA de Géant », une séance d’une heure à la salle de sport coûte 45 euros. « Les pratiquants privilégient la visio, car la séance n'est qu'à 10 euros. », précise la fondatrice. Une pratique inaccessible donc, et pourtant nécessaire au soin de certaines pathologies - selon la CAMI, l’APA permettrait notamment de réduire les récidives de cancers de 50%.

En plus des soucis logistiques, entre en jeu l’illectronisme. Par méconnaissance ou manque de moyens financiers, 17% de la population française reste incapable d’utiliser les outils numériques. Si « APA de Géant » propose aux seniors des séances d’aide à la connexion, certains savent parfois utiliser Google Meet mais pas Zoom. « Je dois me connecter avec deux ordinateurs sur deux plateformes différentes, et les participants ne peuvent ni se voir, ni s'entendre », raconte Tanguy. Contacts physiques et verbaux déjà restreints, certaines personnes sont, elles, totalement exclues du distanciel. « On ne peut plus travailler avec des personnes hémiplégiques notamment, car elles nécessitent un contact physique ».


Epuisés par la séance « Jeux Olympiques », les enfants se réjouissent de la fin du cours. Bien que reconnaissante de pouvoir s'entraîner, Mathilde conclu tout de même que « la natation, c'est plus facile dans l'eau ».



Louise Pointu d'Imbleval

Version Femina

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TITRE INCITATIF : L’activité physique adaptée : encore mise à l’épreuve pendant la crise sanitaire.


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