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« C’était d’une violence inouïe »

  • Maguelonne de Gestas
  • 5 mars 2021
  • 2 min de lecture

Marie-Amélie Bauchet, journaliste, est restée bloquée entre les Gilets Jaunes et les policiers lors de violents affrontements en 2019. Elle raconte ce moment « hors du temps », le meilleur souvenir de sa carrière.


«12 janvier. Je pars en reportage radio place de l’Etoile, couvrir une manifestation des Gilets Jaunes. Je me rappelle chaque détail de cette manif. Au bout d'une heure, je me retrouve bloquée sur cette immense place parisienne. Je suis pile au milieu des affrontements entre les Gilets Jaunes et les policiers. C’est d’une violence inouïe, et pourtant, j’ai rarement autant adoré un reportage.

La montée d’adrénaline que je ressens à ce moment me donne des ailes. Il y avait autour de moi des gens qui se tiraient dessus à coup de flash Ball, qui hurlaient. Je n'ai pas peur. Tout le monde court dans tous les sens, des personnes sont blessées, on se rue les uns sur les autres pour se protéger. Ambiance de fin du monde. Un homme me pousse sous un banc : « Attention, on se fait tirer dessus ! ». Un autre me lance : « Mais vous êtes folle, vous n’avez pas de casque ! »

C’est très étrange d’entendre ça à Paris en 2018. Le sang-froid dont je fais preuve m’étonne.

Au bout d’1h30, je réussis à m’extirper du mouvement. Je saute dans un métro. Le contraste entre ce moment hors du temps et la tranquillité des badauds qui rentrent de leur promenade du samedi me heurte. Je suis en décalage complet avec cette atmosphère banalement calme. La puissance de ce que je viens de vivre ne trouve plus d’écho dans ce métro. C'est là que je comprends ce que j’aime le plus dans ce métier : vivre charnellement les moments, avant de les raconter. »

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