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  • Charline Martin

D’internet au creux de la vague, le boom des groupes de surf sur Facebook

Dernière mise à jour : 25 avr. 2021

Sur Facebook, de nombreux surfeurs rejoignent des groupes créés pour partager une session entre inconnus et se faire conseiller. La pratique de ce sport est en plein boom, mais entre querelles et dangers, il n’est peut-être pas aussi « cool » qu’il en a l’air…


Anna et Vaiana habitent toutes les deux à Quiberon, c’est la première fois qu’elles rencontrent d’autres surfeurs grâce à Facebook. ©Charline MARTIN


Port Bara, sur la côte sauvage de Quiberon, un dimanche d’avril. À peine 11 heures et le parking est déjà rempli de surfeurs. La plupart, appuyés à leur coffre, terminent d’enfiler combinaisons et chaussons en néoprène. De l’autre côté, un petit escalier recouvert de sable mène à la plage, il offre une vue dégagée sur le spot de surf entouré de falaises grises. Sur le sable, quelques promeneurs profitent du soleil, emmitouflés dans leurs écharpes pour se réchauffer de la brise printanière qui glace les visages.


C’est ici que se sont donné rendez-vous Vaiana, Anna, Martin et Barth, pour une session un peu particulière. Ils se sont rencontrés via le groupe Facebook « Surfeurs de Rennes ». Un groupe qui permet à des communautés de passionnés de la glisse, d’échanger et de partager des moments autour de la même passion. Une première donc, pour le petit groupe qui n’avait jamais tenté l’expérience auparavant.

Quand les conditions ne permettent pas de surfer, des sessions de paddle, skate ou yoga sont proposées sur les groupes Facebook, toujours dans le but de rencontrer des passionnés du monde de la glisse.©Charline Martin


Les présentations faites, les surfeurs s’empressent de s’équiper, les vagues n’attendent pas, la conversation continuera plus tard. Combinaisons fermées, boards waxées, dérives fixées, leash attachés, ils traversent la plage la planche sous le bras. Pour les néophytes, traduire « wax » par cette cire étalée sur la planche pour augmenter l’adhérence, et « leash » comme un élément de sécurité reliant le surfeur à sa planche. Le temps de laisser passer une série de vagues et c’est le moment de se jeter dans une eau qui avoisine les 11°C. Pas de quoi décourager ces mordus de glisse pour autant, qui entament leur session le sourire aux lèvres.


Depuis quelques temps, de plus en plus d’internautes rejoignent ces nombreux groupes d’échanges sur Facebook, qui varient en fonction du lieu d’habitation de chacun. Des groupes privés dans lesquels des questionnaires de motivation sont à remplir au préalable pour filtrer les entrées. Contacté par téléphone, Nicolas, 42 ans, explique avoir créé la page Facebook « Surfeurs de Rennes » en 2018 pour faciliter l’organisation des sessions dans un premier temps. « On était plusieurs à aller souvent surfer et on organisait des covoiturages car c’était plus simple, explique-t-il. On se calait des rendez-vous par mail mais ce n’était pas pratique et c’était moins dynamique, donc j’ai créé cette page sur Facebook ».

Martin, Vaiana et Anna font partie des 1 400 passionnés à avoir rejoint le groupe Facebook « Surfeurs de Rennes ». ©Charline MARTIN


Le surf créateur de liens

Joint avant la session, Théau, 28 ans, et sa « bande de copains d’enfance originaires de Nantes » raconte avoir créé le groupe « Surf Nantes » en 2013. « On l’avait lancé car dans nos amis, tout le monde ne pratiquait pas, on ne voulait pas les embêter avec nos discussions, se rappelle-t-il. Au début on rajoutait nos potes et ceux des autres, puis je pense qu’avec les algorithmes de Facebook, des gens sont entrés par eux-mêmes et par le bouche-à-oreille et ça a grandi petit à petit ».


Sur ces pages, initialement fondées pour covoiturer, de nombreux échanges autour de ce sport de glisse ont aussi commencés : « Les gens veulent savoir dans quel spot aller, ils se donnent rendez-vous sur place, demandent conseils, vendent et achètent du matériel », raconte le créateur de groupe nantais.


Quand les habitants de la côte ne mettent pas de photos pour prévenir des conditions météo, « les gens demandent des informations sur les reports (prévisions météo, NDLR), confie Théau. C’est super, ça permet aussi de sécuriser les débutants. C’est devenu un bon moyen de rencontrer du monde, l’aspect covoiturage n’est plus qu’une petite partie désormais ».

Sur la plage, Martin et Barth, qui ne se connaissaient pas il y a quelques heures, partagent leurs connaissances pour réparer une planche. ©Charline MARTIN


Début d’après-midi, sur la plage de Port Bara, l’heure est au casse-croûte après une session fraîche. Les surfeurs, cheveux trempés et traces de sel sur le visage, partagent un pique-nique. « Je trouve ça cool de pouvoir profiter du surf en rencontrant de nouvelles personnes, lance Barth. Je n’avais jamais eu l’occasion de faire ça auparavant. Je suis allé sur ces groupes pour me faires des potes qui surfent car aucun de mes amis ne pratique ».


Les quatre surfeurs, cumulant chacun une dizaine d’années d’expérience, n’ont pas seulement rejoint ces groupes Facebook pour les rencontres. « J’aime bien y suivre certaines tendances comme l’évolution du foil (planche équipée d’une aile permettant de survoler l’eau, NDLR), explique Martin, en aidant Barth à réparer sa planche sur le sable. Ça m’est aussi arrivé de donner des conseils à des débutants quand ils voulaient des renseignements sur le type de board à acheter par exemple », raconte-t-il. « Quand on sait répondre, on essaye d’aider », renchérit Vaiana.

Petit aperçu du groupe Facebook "Surfeurs de Rennes". ©Charline MARTIN


En l’espace de quelques années, la pratique du surf a fait un bond en avant, et les créateurs des groupes Facebook le ressentent. Le groupe « Surfeurs de Rennes » a « explosé, on est passé de même pas 300 membres il y a un an et demi, à environ 1 400 aujourd’hui », raconte Nicolas. Constat identique pour Théau sur le groupe « Surf Nantes » qui rassemble plus de 3 700 surfeurs : « Il y a eu un énorme boom depuis un an qui s’est fait en l’espace de 2 ou 3 mois. Maintenant, on a en moyenne 10 nouveaux membres par jour, c’est vraiment beaucoup ».


« Le monde du surf n’est pas aussi cool que ce que l’on croit, il y a beaucoup de clichés », Vaiana

Cette augmentation du nombre de surfeurs pourrait en partie être expliquée par le confinement : « On était déjà sur une tendance à la hausse avant le Covid-19, affirme le créateur de « Surf Nantes ». Mais je pense que le confinement a accéléré ça. Les gens ne peuvent pas aller à l’étranger donc ils se recentrent sur autre chose, ils recherchent ce côté nature, paisible ». Si ces groupes sur les réseaux sociaux permettent de faire des rencontres entre passionnés, ils n’aident sûrement pas à réduire l’affluence sur les spots ces derniers temps, créant des débats tant en ligne que sur l’eau entre les nouveaux surfeurs et les plus expérimentés.


De quoi faire presque regretter certains créateurs : « Ce qui se passe sur Facebook reflète l’expansion du surf et des sports de glisse en général, déclare Théau. À un moment on s’est posé la question de savoir si on avait bien fait de créer ce groupe, car maintenant il y a trop de monde qui pratique par rapport à quand on a commencé le surf, sur l’eau, il y a embouteillages ».

« C’est très cliché de dire ça, mais pour moi c’est impossible de vivre sans la mer », affirme Anna. ©Charline MARTIN


Toujours sur la plage, la petite bande de surfeurs a, elle aussi, remarqué une augmentation du nombre de personnes sur ces groupes en ligne et à l’eau. « Après le premier confinement, il y a eu beaucoup plus de messages de gens sur les groupes qui voulaient se donner rendez-vous pour surfer, raconte Vaiana. Les gens débarquent et veulent trouver des personnes avec le même centre d’intérêt, mais le monde du surf n’est pas aussi cool que ce que l’on croit, il y a beaucoup de clichés ».


Une forte affluence source de dangers


Sur la presqu’île comme ailleurs, chaque surfeur local a son « spot secret » qu’il ne dévoilera pas pour « ne pas se le faire voler », affirme Anna. « Il y a des spots tellement petits qu’on ne peut être que cinq à l’eau, on se donne des numéros et on prend une vague à tour de rôle, si tout le monde commence à venir, on ne pourra plus surfer », déclare Vaiana en saluant un groupe de copains arrivant sur la plage.


Les surfeuses quiberonnaises confient qu’ici, les « gens qui ne sont pas du coin » se font vite repérer. « On voit toujours la même trentaine de personnes à l’année qui est là pour surfer à l’aube ou l’hiver quand il fait froid, rétorque Martin. L’été c’est différent, ici c’est noir de monde et ce n’est pas du tout les mêmes profils ».

Avec ses rochers et courants, la plage de Port Bara, comme beaucoup d’autres, peut s’avérer dangereuse pour les surfeurs débutants. ©Charline MARTIN


L’arrivée massive de surfeurs débutants se fait ressentir partout, notamment dans les écoles de surf. Pour répondre à la demande, il faut s’adapter : « Pendant les vacances, certaines activités ont été supprimées pour rajouter des créneaux pour les cours de surf », explique Elina Fievet de l’école Surfing Paradise à Saint-Pierre-Quiberon. Le grand nombre de nouveaux pratiquants inquiète aussi sur le plan sécurité.


« Il y a des spots dangereux avec des courants et des rochers, ce n’est pas facile de savoir quand et où surfer quand on est débutant, il vaut mieux y aller avec un moniteur pour avoir les bases », explique Elina Fievet. Des propos que rejoignent largement la petite bande rencontrée via Facebook : « Les gens pensent qu’ils maîtrisent, ils passent la barre (franchir la zone où les vagues déferlent pour rejoindre le large, NDLR), et se retrouvent en difficulté, déclare Martin. C’est comme ça que tu te prends un coup de dérive ».


À Port Bara, l’air s’est réchauffé. Il est presque 16 heures, la marée descendante découvre les nombreux rochers qui font la dangerosité du spot. Les vagues diminuent à mesure que l’eau se retire. Les quatre surfeurs discutent sur la plage, assis sur leurs planches, combinaisons baissées jusqu’à la taille. Chacun se tait finalement, pour écouter le bruit des vagues, reconnaissants de vivre dans un endroit qu’ils n’échangeraient pour rien au monde.


Charline MARTIN

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Puisque je n'ai pas réussi à avoir les documents sur les interventions des pompiers que le SDIS 56 devait m'envoyer, il serait intéressant (une fois que je les aurais), de faire une courte vidéo avec des images des spots dangereux et d'autres des pompiers. Avec une courte interview d'un chef d'une des casernes par exemple, qui explique qu'il y a tant d'interventions en plus pour secourir des surfeurs, il donne quelques chiffres, les dangers du surf lorsqu'on débute, précautions à prendre, etc.

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