REPORTAGE - Depuis le 1er septembre, le géant français de l'énergie accorde une remise de 20 centimes par litre d'essence. Dans la station-service du boulevard de la Villette (19e), les automobilistes affluent pour profiter du prix le plus bas de Paris.
«Bonjour, la pompe 6 pour du 95, SVP !». Depuis tôt ce mardi 13 septembre, Benjamin, l’employé de la station Total du boulevard de la Villette, dans le 19e arrondissement parisien, enchaîne les clients. Sur le panneau à l’entrée, le Sans Plomb 05 affiche 1,462 €/L. Soit le prix le plus bas de la capitale, selon le site Carbu.com, et 0,9 centime de moins que la moyenne nationale. «Difficile de trouver mieux», commente Romuald, le bec de pompe fourré dans le réservoir de son scooter. «D’habitude je vais m'approvisionner plus proche de chez moi, dans le 15e, mais j’ai appris à la télé que Total faisait une remise. J’en ai profité en passant dans le coin».
Face à la hausse exponentielle du prix du carburant depuis le premier trimestre 2022, le groupe TotalEnergies a choisi de donner un coup de pouce aux consommateurs. Depuis le 1er septembre, le géant français accorde une remise de 20 centimes par litre d'essence, s’ajoutant aux 30 centimes déjà octroyés par le gouvernement. Générosité non sans intérêts, car elle exonère d’impôts la société sur les superprofits. En attendant, les 3500 stations des trois marques du groupe dans l’Hexagone, Total énergies, Elan et AF 24, sont prises d’assaut. «L’affluence a augmenté d’environ 40% dans certaines depuis le début de notre baisse des prix», explique la direction de TotalEnergies, contactée par Auto Plus.
À Paris, la station de la Villette ne fait pas exception. En milieu de matinée, les véhicules se succèdent aux quatre pompes de la station, formant des files presque continues. Quelques coups de klaxons s’échappent ici ou là, signalant l’impatience des chauffeurs parisiens. «On travaille dans le coin, ça fait 20 ans qu’on vient tous les jours se ravitailler ici. Et bien, je peux vous dire que depuis début septembre c’est la folie», affirme Gérard au volant de sa camionnette siglée “Caisses des écoles”. Pour appuyer son témoignage, il brandit un ticket de caisse du 26 août, indiquant un règlement de 80 euros. «C’était pour un plein de 45L, raconte-t-il. Cette fois-ci, j’en ai eu pour 10 euros de moins. C’est une vraie différence».
Plus loin, Elsa, adossée à sa Fiat 500 et les deux mains sur la pompe, s’abîme dans la contemplation du prix au litre, affiché au-dessus d’elle. «C’était donc vrai, ce qu’on disait à la télé», sourit-elle en s’arrachant à sa rêverie. «D’habitude, je vais au bout du boulevard car c’est plus proche de chez moi, mais quand j’ai entendu au journal que Total faisait une ristourne, je suis venue exprès». À deux cents mètres de là, sur la place du Colonel Fabien, la station Esso affiche 1,57€ pour le litre de Sans Plomb 95, soit 11 centimes de plus.
Opération gagnante pour Total
Benjamin, l’employé de la station boulevard de la Villette, a constaté une réelle différence de comportement chez ses clients depuis le début du mois. «Juillet et août ont été anormalement calmes, mais depuis la rentrée, les gens font de gros pleins, bien plus importants qu’avant», assure-t-il. Face à cette hausse soudaine de la consommation, plusieurs stations régionales ont fait face à des pénuries. De son côté, Benjamin affirme gérer les stocks. Il indique pourtant devoir réapprovisionner tous les matins depuis 15 jours, «alors qu’on ne le faisait que tous les deux ou trois jours avant».
Pour Total, l’opération est gagnante. Si le coût de la ristourne a été chiffré à 447 millions d'euros, son bénéfice sera bien plus important encore, analyse le cabinet Asterès. En plus d’améliorer son image, le groupe français va gagner de nouveaux clients. Du côté de la direction, l’on se montre plus modéré. L'afflux était prévu, reconnaît-on, mais il demeurera «très ponctuel» et susceptible de «se résorber assez vite». «Que nos clients soient rassurés : ce n’est pas la peine de se précipiter en station, car la baisse des prix sera en place jusqu’à la fin décembre», précise encore la direction à Auto Plus. Le groupe a prévu de maintenir la remise de 20 cts €/litre jusqu’au 31 octobre, puis de la réduire à 10 cts €/litre du 1er novembre au 31 décembre.
Des aides successives pour atténuer le prix à la pompe Depuis la fin de l'année 2021, le prix du pétrole sur le marché mondial flambe de manière inédite. Mi-avril, le prix à la pompe dépassait le seuil de 2 euros/L, un niveau jamais atteint en France. Pour atténuer l'impact sur les automobilistes, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures.
Entre décembre 2021 et février 2022, une prime de 100 euros a été versée automatiquement aux ménages éligibles pour pallier l’inflation des produits nécessaires, parmi lesquels les carburants. 38 millions de Français sont concernés : les salariés, les indépendants, les retraités, les bénéficiaires du RSA ou de l'allocation aux adultes handicapés qui gagnent moins de 2 000 € nets par mois.
L’indemnité kilométrique est un supplément versé aux salariés utilisant un véhicule pour se rendre sur le lieu de travail. Jean Castex a annoncé que son barème serait relevé de 10% pour l’imposition des revenus de l’année 2021. Concrètement, cela permet à 2,5 millions de foyers de gagner 150 euros par déclaration d’impôt. Le détail des barèmes est disponible sur le site du Service Public.
Dans le cadre du plan “résilience”, le gouvernement de Jean Castex a mis en place une remise de 15 centimes par litre pendant quatre mois sur un large panel de carburants. Tous les particuliers sont concernés, sans condition de ressources.
Dans le cadre de la loi pouvoir d'achat, le parlement a voté une remise sur le carburant suivant un calendrier "dégressif" jusqu'au 1er janvier 2023 : remise de 30 centimes du 1er septembre au 31 octobre 2022, puis de 10 centimes du 1er novembre au 31 décembre 2022. En parallèle, le gouvernement a demandé à TotalEnergies une remise supplémentaire en échange d’une exonération d’impôts. Du 1er septembre au 1er novembre, dans les stations Total, le prix baisse de 20 centimes par litre par rapport aux prix formés sur les cotations des marchés internationaux, puis de 10 centimes par litre du 1er novembre au 31 décembre. |
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