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Crous de Paris : Les menus à 1 euro pour les étudiants, fades, mais suffisants

  • Photo du rédacteur: Quentin Halbout
    Quentin Halbout
  • 4 mars 2021
  • 4 min de lecture

Repas à 1 euro du Crous Lorraine servi à Florian le 8 février 2021. (Crédits : @Rebelle1789871 sur Twitter)


Critiqués en Lorraine, les menus à 1 euro distribués dans les restaurants universitaires ont mauvaise réputation. Pourtant, à Paris, les repas du Crous rassasient les étudiants, sans contenter pour autant leur palais.


« C’est de la merde ». Ce midi de mars, un étudiant quitte le Restaurant administratif de Châtelet - qui accueille aussi bien les élèves que les employés des universités. Dans sa main droite, un sac en papier protège le fameux repas à 1 euro. L’entrée dans le restaurant ne se fait pas par la porte principale, mais par une entrée située quelques mètres plus loin, habituellement close. L’endroit est au sous-sol de la résidence Concordia, dont l’élégance dénote avec la peinture de la façade effritée et transpercée de tuyaux du restaurant universitaire.


De la sortie s’échappent des étudiants italiens, coréens, japonais… Tous ont à la main ce même sac en papier blanc, qui, contrairement à ce qu'affirment les détracteurs, est bien garni. Le 8 février dernier, Florian, étudiant à Metz, était reparti avec une maigre portion de pâtes, un yaourt et une bouteille d’eau, dans un réfectoire du Crous Lorraine. Il s’était plaint du très faible apport calorique du repas. L’organisme lorrain, joint par téléphone par notre rédaction, regrettait un « une anomalie exceptionnelle de fabrication ». Sur Twitter, l'étudiant affirme que ce n’était pas un cas isolé. Le 12 février, l’internaute postait une photo d’une barquette d’escalope à la moutarde accompagnée de petits-pois carottes pesant 285 grammes pour seulement 455 calories. Les recommandations en apports caloriques par jour sont de 2 000 calories pour une femme et 2 500 pour un homme.

Pourtant, à 11h30, à Paris, les étudiants ne se plaignent pas de la quantité de nourriture, mais de sa qualité. En raison de la covid-19, les étudiants ne pouvaient pas manger sur place. L’inverse était indiqué sur le site internet du Crous de Paris.


Bolos sur bitume

Aude et Elise, étudiantes ingénieures de 21 ans - Quentin Halbout


De l'autre côté de la rue pavée, devant la statue du parc du Cheval Cabré, à même le sol, Aude et Élise enroulent leurs spaghettis autour de leurs fourchettes en plastique. Au menu aujourd’hui : pâtes à la bolognaise et courgettes, yaourt nature sucré et banane. Dans les menus à 1 euro, l’étudiant bénéficie d’une entrée, d’un plat et d’un dessert, qu’il peut aménager si l’un des trois éléments ne lui convient pas. En boisson ? « Ah, c’est vrai que l’on n’a pas d’eau, c’est dommage », s’étonne Élise, enveloppée dans sa veste en daim. Malgré l’absence de boisson, elle apprécie le contenu de son sac. « Même si ce n’est pas bon, on mange à notre faim. » Les deux étudiantes de 21 ans à l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielle (ESPCI) de Paris vivent chez leurs parents. « Pour nous, trois euros, c'était déjà pas cher », admet Aude, en référence au prix initial du menu de 3,20 euros. Les deux amies s'accordent cependant à dire que les repas sont fades tandis qu'elles se saisissent des rondelles de courgettes qui pataugent dans leur jus. Pendant qu'elles grattent le fond de leurs barquettes plastiques, les étudiants gagnent la cafétéria dans un flot continu.


« Ce sont les mêmes menus qu’avant, seul le prix diffère »


« Chacun des 26 Crous édite son menu à la semaine »


En 2020, les étudiants ont attribué la note de 6,4 sur 10 aux services de restauration du Crous de Paris - Quentin Halbout.


À l’intérieur, un vert caca d’oie accueille les étudiants. Après une désinfection des mains à laquelle le plongeur du restaurant veille au grain, la file d’attente débute. Parsemé d’autocollants pour assurer le respect de la distance sanitaire, le linoléum noir se rétracte en un couloir étroit. Le corridor donne sur un grand réfectoire aux allures de distribution alimentaire solidaire. Des ombres blanches masquées s’activent derrière les fourneaux. Les barquettes quittent les plateaux pour les sacs en papier dans un rythme de chaîne de montage. Les employés maintiennent l’allure pour que tous les élèves puissent être servis, ou presque. « J’essaie de venir tôt parce que dès 13 heures, les stocks commencent à s’épuiser », confie Théo, étudiant en architecture. Au bout de la chaîne de mise en sac, monsieur Banugui surveille ses équipes. Le responsable adjoint du restaurant affirme qu’au Crous de Paris, les menus n’ont pas changé. « Seul le prix diffère. Chacun des 26 Crous édite son propre menu à la semaine et les restaurants s’adaptent en fonction de leurs stocks. » Les menus à 1 euro ne sont donc pas moins qualitatifs qu'ils ne l'étaient au prix de 3,20 euros. Fades, mais suffisants.


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Titre incitatif : La faim justifie les - repas - moyens


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Sur instagram : IGTV de l'interview du responsable adjoint du restaurant administratif de Châtelet.

 
 
 

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