Pouvoir d'achat : Les ventes de cigarettes en chute libre, à cause d'une baisse de la consommation
- Alt Pro60
- 11 janv. 2023
- 3 min de lecture
2021 représente la troisième année consécutive de baisse des ventes de cigarettes en France. Alors que la lutte contre le tabac continue de gagner du terrain, la hausse des prix a elle aussi son rôle à jouer. Et en pleine période d'inflation, les Français peinent à s'approvisionner.

Un fumeur sur cinq aurait déjà renoncé à certains achats ou activités, par manque de moyens. © Louise Pointu d'Imbleval
L’industrie du tabac serait-elle aussi victime de l'inflation en France ? Alors que la vente de cigarettes connaît un ralentissement depuis deux ans, 2021 s’impose comme la troisième année consécutive de baisse. En effet, cette année-là, les ventes ont reculé de 6,5%. En conséquence : « seulement » 33,5 milliards de cigarettes ont été livrées aux buralistes, contre 35,8 en 2020. Pour Gérard Audureau, président de l’association DNF-Demain sera non fumeur et vice-président de l’Alliance contre le tabac (ACT), l’histoire se répète. « On a observé une grosse chute entre 2003 et 2004. Et c’est parce que le prix du paquet de cigarettes avait augmenté à l’époque, de près d'un euro. »
Alors que le pays est en pleine crise inflationniste - en novembre 2022, la hausse des prix à la consommation atteignait 6,2 % sur un an - , il devient difficile pour les Français de se procurer leur dose de nicotine. « Vous avez vu les prix ? Avec 10 euros, je peux me payer un repas, voire deux ! », se lamente Sylvie, retraitée et forcée de se serrer la ceinture.
En décembre dernier, François Ruffin, député de La France Insoumise, déclarait notamment que les ménages Français auraient perdu près de « 2000 euros de pouvoir d'achat » en 2022.
En moyenne aujourd'hui, un fumeur quotidien dépense 207 euros par mois dans les cigarettes. Une somme très élevée qui a des conséquences importantes sur les plus pauvres, dont le pouvoir d'achat est déjà largement affaibli. Comme l'indique une étude de l'Alliance contre le tabac, « le tabagisme peut représenter jusqu’à 30 % des dépenses d’un ménage. » Et si le nombre de fumeurs recule, on compte désormais deux fois plus de fumeurs réguliers parmi les Français les plus modestes.
Dès le mois de mars 2023, le prix moyen du paquet s’élèvera à 10,65 euros, soit 50 centimes plus cher qu’il ne l’est actuellement - selon le projet de budget de la Sécurité sociale dévoilé le 26 septembre dernier. D’ici à 2024, le montant devrait atteindre 11 euros, pour 20 cigarettes industrielles. Selon Gérard Audureau, « la chute du nombre de cigarettes livrées est systématiquement liée à une augmentation forte ou régulière du prix du paquet. » Ici, une « augmentation forte » s’explique par une hausse du prix d’un euro sur un an, et une « augmentation régulière » par une hausse de 50 centimes une fois tous les six mois.
Effet du prix du paquet de cigarettes sur la consommation, de 2015 à 2022. Source : DNF-Demain sera non fumeur. Infographie interactive (passez la souris pour faire apparaître les valeurs).
Le programme national de lutte contre le tabac, vraiment favorable aux fumeurs ?
Mis en place par Edouard Philippe et Agnès Buzyn (anciens Premier ministre et ministre le Santé), le programme national de lutte contre le tabac (PNLT) avait pour objectif (entre 2018 et 2022) d’agir contre le tabagisme en élevant symboliquement le prix du paquet de cigarettes à 10 euros. C'est à cette même période que les Français ont commencé à constater un véritable trou dans leur budget mensuel, en raison de leur consommation de tabac.
En effet depuis 2017 - alors que le PNLT commençait à se mettre en place - les ventes de cigarettes ont chuté de 24,5 %. Non loin derrière, le tabac à rouler tombait à 17,5 %, et les ventes de cigares et cigarillos, moins consommés, à 20 %. « Ce programme a en effet permis une chute de la consommation, qui s’est maintenue de 2018 jusqu’à aujourd’hui », renchérit le président de DNF. « Mais au-delà d'un souci de santé publique, les prix rendent moins accessibles les produits du tabac aux Français. »
Louise Pointu d'Imbleval
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