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  • Léo de Garrigues

Nayrolles, innovateur social en 4 points clés

Patron d’un atelier de broderie situé rue des Immeubles-Industriels à la fin du XIXe siècle, Jean-Baptiste Nayrolles a marqué son temps par son “management” social. De la participation des employées au bénéfice de l’entreprise aux congés maternité, tour d’horizon de quatre innovations sociales.



Jean-Baptiste Nayrolles est né en 1831 et mort en 1908. (c) Photographie familiale.


À la fin de l’année 1886, un local du n°5 de la rue des Immeubles-Industriels, dans le 11e arrondissement parisien, est loué par un certain Jean-Baptiste Nayrolles. Il y installe un atelier de broderie avec huit machines et une douzaine d’ouvrières. Rien de révolutionnaire à l’époque puisque la rue entière regorge d’artisans.


Là où Nayrolles a marqué son époque, c’est dans l'innovation sociale au sein de son entreprise. Influencé par le catholicisme social répandu dans le Nord, où il a jusqu’alors fait sa carrière, il détonne en mettant le bien-être de ses ouvrières au centre de la gestion de son atelier. Année après année, il permet à ses salariées de participer au bénéfice de l’entreprise, les associe à la création des nouveaux produits et introduit le congé maladie. Il sera un précurseur dans l’instauration du congé maternité. “La plupart de ces notions existent déjà ailleurs” raconte l’historien Hervé Deguine : “Nayrolles innove en les rassemblant toutes ensemble.”


  • La participation des salariées au bénéfice

La production de broderies commence en 1887. La demande explose rapidement, si bien que l’atelier embauche désormais une cinquantaine d’ouvrières et s’étale aux numéros 3, 5, 7 et 9 de la rue. Nayrolles comprend qu’en misant sur la confiance avec ses employées, il pourra en tirer des bénéfices. Il décide que les ouvrières toucheront 25% des bénéfices de l’entreprise. En 1891, leur part passe de 25 à 33%.


  • L’association des employées à la création des nouveaux produits

Pour Nayrolles, la réussite de son entreprise passe par une coopération avec ses ouvrières. Fin 1891, il rédige noir sur blanc les nouveaux statuts adoptés par l’entreprise. Ainsi, d’après l’article 3, “l’inventaire est fait chaque année avec le concours de deux ouvrières nommées au scrutin par leurs compagnes.”.

"Il est plus qu'apprécié par ses ouvrières" L'historien Hervé Deguine à propos de Jean-Baptiste Nayrolles.
  • Le congé maladie

Trois fois par mois, un médecin se rend à l’atelier pour examiner l’état de santé des ouvrières. Les médicaments sont fournis gratuitement et les honoraires du médecin ne sont pas à la charge de l’employé. L’article 7 des statuts adoptés par l’entreprise précise : “En cas de maladie retenant l’ouvrière chez elle, elle recevra de la maison, pendant les trois premiers mois, une allocation de douze francs par semaine.”


  • Le congé maternité

À la fin du XIXe siècle, aucune loi ne protège les femmes salariées au moment de la maternité. La question d’un congé est évoquée par des délégués du Congrès mais rien ne sera légiféré avant 1909. À son atelier, Nayrolles invente le congé maternité en octroyant quatre semaines de repos aux femmes qui accouchent, tout en restant rémunérées pendant cette période.



“Il est plus qu’apprécié par ses ouvrières. Il y a eu un attachement très très fort des ouvrières envers leur patron.” raconte aujourd’hui Hervé Deguine. Symbole de ce lien fort, les ouvrières se sont cotisées dans le secret pour offrir à leur employeur un buste à son effigie. En l’apprenant, Nayrolles leur reproche de gâcher leur argent puis, sous leurs pleurs, accepte le portrait sculpté, qui prendra place dans sa maison de campagne.



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