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  • Louis Bolla

Pays de Grasse : les handballeurs du PGHB s'entraînent dehors au stade Perdigon

Dernière mise à jour : 23 avr. 2021

Durant la Covid-19, le Pays de Grasse Handball a élu domicile au stade Perdigon. Ce terrain extérieur, convoité par tous les sportifs, permet au club de maintenir les séances pour les jeunes, même sous la pluie. Reportage.



Sous les nuages menaçants, les jeunes moins de 17 ans du Pays de Grasse Handball s’entraînent. © Louis Bolla

« Tu comptes les billes sur le terrain, Emma ? ». Sur le city stade du complexe sportif de Perdigon à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, Jean-Christophe Dalmasso interpelle une enfant allongée sur le sol. Elle préfère trier les granulés qui jonchent le terrain synthétique plutôt que de suivre sa séance d’initiation au handball. La petite fille lève les yeux, puis sourit sans répondre. Magali, l’éducatrice de la séance du baby hand (2-5 ans) vient chercher la déserteuse et la ramène dans le groupe. La scène amuse tout le monde. Dans une ambiance de tournoi de fin d’année sans buvette, les jeunes handballeurs portent les couleurs du club — rouge vif et bleu azur — sur le terrain. Les parents discutent ou filment les prouesses de leurs enfants en attendant la fin de la séance et les éducateurs courent récupérer ballons, cerceaux et chasubles.


Pendant ce temps, le responsable du secteur jeunes du Pays de Grasse Handball (PGHB) depuis près de 10 ans, celui que tout le monde appelle par ses initiales « Jicé », planifie le programme de la semaine de stage à venir et envoie aux parents les formulaires de présence. « Cela me permet de savoir à l’avance combien de gamins je vais avoir sur mes séances comme ça j’organise le contenu en fonction du nombre », explique l’homme de 31 ans, vêtu d’un ensemble survêtement aux couleurs du club. Appuyé sur la cage de handball, il pense aux activités à voix haute : « Pétanque, rallye-photo… est-ce que je le fais en étoile ? ».


Devant le terrain synthétique, se dévoile le complexe Perdigon. A gauche du terrain de handball, un terrain de pétanque ; à droite, un chapiteau blanc monté sur barnum dans lequel peuvent se garer quelques voitures. Du temps des compétitions, le chapiteau sert d’abri pour la buvette du Rugby Olympique Grassois (ROG). En face, la piste d’athlétisme de 400 mètres entoure la pelouse de rugby, dont le semi réalisé quelques jours auparavant empêche « Jicé » de faire « une méga thèque » durant son stage. En parallèle de ce rectangle de pelouse, la tribune montée en hauteur au-dessus de la piste se démarque par ses sièges aux couleurs du ROG.


« Mon gymnase me manque, la ferveur des matchs me manque, la résine me manque »




La tribune et la piste d’athlétisme vu du chapiteau durant un épisode pluvieux. © Louis Bolla


« Mon gymnase me manque »


Depuis octobre 2020, les séances de handball sont régies par le Covid-19 et la météo. Interdits de pratique en salle pour les sports indoor, les petits comme les grands handballeurs ont fait rebondir leurs balles sur les terrains extérieurs du gymnase du lycée Alexis de Tocqueville (dans lequel le PGHB s'entraîne d’ordinaire). Suivant le protocole sanitaire que la Fédération Française de Handball (FFHB) préconise : désinfections des mains et des ballons régulièrement, distanciation physique, port du masque obligatoire pour les accompagnants et les éducateurs. « A un moment donné, on était même prêt à demander aux parents d’acheter un ballon à chaque enfant », glisse « Jipé », Jean-Pierre Dodero, entraîneur couteau-suisse du club de Grasse et personnage emblématique du handball azuréen.

Puis est venu, le 2 janvier 2021, le couvre-feu localisé dans les Alpes-Maritimes à 18h00 en semaine, le 26 février 2021, le confinement partiel le week-end, freinant à nouveau le maintien des séances. Et comme si tout cela ne suffisait pas, lorsque tout semblait s’arranger, les dirigeants du PGHB se sont aperçus qu’aucune autorisation ne permettait de jouer sur les terrains extérieurs du gymnase. En catimini, la municipalité de Grasse a donné l’accès au terrain multisport du stade Perdigon au PGHB, laissant espérer un retour à la normale dès la fin avril, le temps d’obtenir les autorisations.


Jipé (à gauche) et Jicé (à droite) encadrent les jeunes joueurs du Pays de Grasse Handball durant les séances tout au long de l’année. © Louis Bolla

En attendant, près du terrain synthétique, la situation reste normale. « Concernant les enfants, il n’y a pas vraiment de règles. Avec les parents, nous sommes carrés, on suit au maximum les protocoles et si il y a des doutes, les gamins restent chez eux, et font le nécessaire. Depuis un an, nous n’avons pas eu de cas », déclare Jipé en s’estimant heureux. Autour du terrain, les visages des parents sont découverts et la « seule obligation pour ceux qui ne portent pas de masque est de garder une distance physique », car ici, le masque n’est pas obligatoire. Il reste obligatoire uniquement dans le centre historique de Grasse et aux abords des écoles.


Sur le muret au-dessus du terrain, Jicé mange son sandwich entre deux séances. « C’est de la biscotte », dit-il, qualifiant le pain qui entoure le poulet, les tomates et le fromage qu’il se met dans la bouche. Au loin, les nuages noirs s’avancent, le tonnerre gronde et le vent se lève. « C’est un vent de terre, on va se prendre la pluie, lance-t-il en rigolant. C’est quoi les prévisions pour cet aprem ? » Sur son téléphone, il prend connaissance du bulletin météo : pluie, orage dès 14h30. « Je m’en doutais. Je commence à être un expert météo », poursuit-il sur le ton de l’humour. La semaine dernière, il a plut sur les mêmes horaires, « tous les jours sauf le mardi et le jeudi, quand il n’y avait pas de séances.» Décidément, le sort semble s’acharner et la séance de l’après-midi du dimanche s’arrêtera au bout de 45 minutes sous des trombes d’eaux. Jicé : « J’en ai marre. Mon gymnase me manque, la ferveur des matchs me manque, la résine me manque, déclare-t-il avant d’ajouter, toujours avec dérision, j’aimerais savoir si je lui manque aussi [au gymnase]. »


« La situation a soudé les jeunes au niveau des générations »


Lors du premier jour du stage, dès le lendemain, le scénario se répète : les nuages et la pluie se rapprochent en début d’après-midi. Cette fois-ci, pas question de se faire avoir : « Hier, on a annulé la séance et une demi-heure après, il faisait grand soleil, déclare « Jicé ». S’il pleut, on se mettra sous le chapiteau en attendant que cela se calme. »


Sous le chapiteau, une partie de Uno s’organise entre les éducateurs et les jeunes de 13 à 16 ans. L’un d’eux vient perturber le jeu. Il se glisse avec une discrétion mal évaluée derrière les joueurs de cartes et lance une balle sur une jeune fille. Le responsable montre à nouveau sa tête, l’air de rien : « Vous n’avez pas vu ma balle ? » demande le jeune. Jean-Christophe intervient : « Si c’est une tentative de séduction, il va falloir revoir la technique mon grand. » Tout le monde se marre. Car malgré la perturbation météorologique, la groupe vit bien et les éducateurs s’en félicitent. « Je suis content parce que la situation a soudé les jeunes au niveau des générations. Les filles et les garçons se mélangent. Il y a une vraie cohésion de club. Avant on ne le voyait pas autant », explique « Jicé ».



« C’est la guerre pour avoir le city, il y a toujours du monde ici. »



Des enfants profitant de l’absence des handballeurs et jouent au foot sous la pluie. © Louis Bolla

Perdigon, terre de sport convoitée


Il ne cesse de pleuvoir sur le terrain synthétique et pendant que les handballeurs s’abritent, deux jeunes profitent du terrain pour échanger quelques passes. Alessandro et Robin, deux lycéens en vacances, habitent à deux pas de là et viennent souvent jouer au foot parce qu’ils s’ennuient chez eux. « C’est la guerre pour avoir le city, il y a toujours du monde ici », déclare Robin.

En fin de journée, les footballeurs arrivent à petit pour prendre possession du terrain. © Louis Bolla

Le city stade est d’ordinaire le terrain des footeux qui organisent des tournois tous les jours « à partir de 16h00 » en période de vacances, selon l’un d’eux. Et la présence des handballeurs bousculent les habitudes. « Clairement, c’est chiant [que les handballeurs soient là]» s’exclame Karim*, 14 ans, en regardant la dernière séance de handball du jour. Bien qu’ils sachent que le club de handball quitte le terrain à 18h30, « des éclaireurs » n’hésitent pas à venir dès 17h00, et patientent au téléphone, espérant peut-être que le terrain se libérera plus tôt. « Excusez-moi, le hand finit à quelle heure ? », lance un nouvel arrivant. La question reviendra à chaque nouvelle tête. « Ils prêchent le faux pour avoir le vrai. Ils savent très bien à quelle heure finit la séance le soir, explique Jicé, ils arrivent par grappe et dès que l’heure approche, il y a des ballons de foot qui se perdent sur le terrain. Ils ne sont pas méchants, je comprends qu’on les embête. C’est le jeu. »


Le samedi précédent, ils étaient prêts près d’une cinquantaine à patienter le long du terrain d’après les éducateurs du PGHB présents. Tous vêtus de survêtements des grosses écuries européennes, du Borussia Dortmund au FC Barcelone en passant par l’AC Milian, aux couleurs fluos et aux joggings bien ajustés aux chevilles. Ce lundi soir, la même scène se rejoue : Karim, monture de Ray Ban dorée et pull rose fluo du Paris-Saint-Germain, s’allonge sur le côté et compte les billes du terrain synthétique, attendant de voir ses amis arriver et dire au revoir aux envahisseurs.



Agenda transmédia :


Publication Instagram :

1. A Grasse, dans les Alpes-Maritimes (06), les moins de 17 ans du Pays de Grasse Handball s'entraînent sur le terrain multisport du stade Perdigon depuis deux mois. Entre le protocole sanitaire et le manque d'autorisation, le club local s'adapte à chaque problème.


2. « Jipé » (à gauche) et « Jicé » (à droite) encadrent les entraînements du club de handball et gèrent le stage durant les vacances scolaires. Depuis octobre 2020, ils jouent en extérieur. « J’en ai marre. Mon gymnase me manque, la ferveur des matchs me manque, la résine me manque, déclare « Jicé » avant d’ajouter, toujours avec dérision, j’aimerais savoir si je lui manque aussi [au gymnase]. » Et malgré tout, ce sont les métronomes de la bonne ambiance.


3 - 4. A chaque épisode pluvieux, le city stade sur lequel les handballeurs grassois s'entraînent est pris d'assaut. Au premier plan, des enfants jouent au football en attendant la reprise des séances. Sur le reste du stade, l'atmosphère contraste. La piste et la tribune sont vides durant l'après-midi.


5. D'habitude, les footballeurs amateurs organisent des tournois sur ce terrain synthétique. Dès 17h00, les premiers arrivent espérant que la séance finisse au plus vite : « Excusez-moi, le hand finit à quelle heure ? », lance un nouvel arrivant. La question reviendra à chaque nouvelle tête. Karim*, 14 ans, footballeur habitué du terrain : « Clairement, c’est chiant [que les handballeurs soient là]. »



Publication Facebook :


Portrait des deux éducateurs Jipé et Jicé, aux destins très liés : Fortes personnalités, culture du « chambrage », expériences dans le handball professionnel… les deux personnages y sont pour beaucoup dans le bon déroulement des séances au club.







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