Pendant que le ministère de l'Education nationale s'échine à embaucher des contractuels en France, d'autres pays, notamment européens, font face à une pénurie croissante de professeurs.
A Paris, dans le Xe arrondissement, les professeurs du collège Françoise Seligmann font grève. Crédit : SGD
Le plus beau métier du monde ne fait plus rêver. En France, la rentrée scolaire 2022 est douloureuse pour les élèves. Contrairement à ce qu'avance Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation nationale, il n'y pas un professeur devant chaque enfant scolarisé. A Paris, dans le Xe arrondissement, les collégiens de l'établissement public Françoise Seligmann n'ont pratiquement pas eu cours depuis le lundi 5 septembre. Les professeurs titulaires sont en grève. Dans d'autres écoles, collèges, lycées, c'est le recrutement qui pose problème. Le métier n'est plus attractif. Selon le syndicat enseignant, Snes-FSU, la semaine dernière il manquait au moins un professeur sur un poste fixe dans 62% des établissements sur un échantillon de 554 établissements. Mais, dans l'Académie de Paris, le rectorat se veut rassurant. «Pour les professeurs, tous les postes sont pourvus dans le 1er degré et concernant le 2d degré, les services sont à pied d’œuvre pour consolider les besoins», précise t-il au Figaro. Or, ce contexte social tendu n'est pas réservé exclusivement à l'Hexagone. D'autres pays, comme l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni, et même Israël connaissent également une pénurie de professeurs.
Selon un rapport du Sénat, intitulé «Crise d’attractivité du métier d’enseignant : quelles réponses des pays européens ?», publié en juin 2022, plusieurs pays européens sont concernés par un manque de professeurs. Le sénateur LR Gérard Longuet a étudié les chiffres. «Le Portugal est à ce jour le bon élève de l'OCDE. Il a rattrapé son retard», précise l'élu au Figaro. «Mais en Allemagne, le système éducatif se dégrade», ajoute t-il.
Peu de pays européens épargnés
En Allemagne, l'état du système éducatif est effectivement fragile, bien que les salaires des enseignants soient plus élevés qu'en France. Selon le magazine allemand, Der Spiegel, «Au début de l'année scolaire, il manquait jusqu'à 40.000 enseignants dans tous les Länder. » Dans certaines villes, la situation est «dramatique». A Duisbourg, (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), 700 écoliers n'avaient pas trouvé de place dans un établissement scolaire. A Gelsenkirchen, les cours ont été réduits d'une heure par semaine dans toutes les écoles primaires.
En Italie, alors que les élèves viennent à peine de reprendre le chemin de l'école, 200.000 enseignants manquent à l'appel. Malgré tout, le 12 septembre, le ministre de l’Éducation italien, Patrizio Bianchi, a souhaité aux jeunes Italiens sur Twitter «une année scolaire ouverte, inclusive et aimante.» Au Royaume-Uni, la rentrée scolaire est aussi délicate. Selon un sondage de l’Association of School and College Leaders (le syndicat des directeurs d’établissement), 95 % des établissements éprouvent des difficultés à recruter et 72 % font déjà appel à des remplaçants pour des postes permanents
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Le manque criant de professeurs ne concerne pas seulement l'Europe. En Israël, des milliers d'enseignants manquent dans les établissements scolaires, selon le média Haaretz. Malgré des dépenses records pour l'éducation et l'amélioration du ratio élèves-enseignant, les postes vacants ne trouvent pas preneurs. La nouvelle année scolaire a commencé avec une pénurie d'environ 5600 enseignants dans le pays – la plupart dans les matières fondamentales que sont les mathématiques, les sciences et l'anglais. Les syndicats d'enseignants israéliens attribuent ce manque de vocation, à la faible rémunération et aux mauvaises conditions de travail.
Pour Gérard Longuet, la revalorisation salariale ne résoudra pas «elle seule» la crise des vocations. Le 12 septembre, le ministre de l'Education nationale a confirmé le passage à un salaire plancher de 2000 euros net pour les enseignants en début de carrière à partir de septembre 2023, mais aussi des augmentations pour les professeurs en «milieu de carrière» à cette même échéance. Cependant, le rapport sénatorial relève un autre chiffre de l'OCDE préoccupant : seuls 6,6% des professeurs en France se sentent valorisés par la société. Le sénateur pointe également un manque de collaboration au sein du système éducatif français. «Il faut une refondation en profondeur du bâti scolaire à moyen et long terme», soutient il. Un accompagnement réel des jeunes professeurs est également une recommandation du rapport.
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