"Sur le terrain, je ne me laisse jamais dépasser par mes émotions"
- Elise Pontoizeau
- 5 mars 2021
- 2 min de lecture
La tempête Alex, en octobre 2020, a marqué la carrière naissante de Thomas Cuny, journaliste de 22 ans à France Télévisions. Cet accro aux notifications push s’est retrouvé sans réseau pendant plusieurs jours, très intenses, dans la vallée de la Roya.

Le jeune journaliste devait tourner deux sujets et deux plateaux par jour. Crédit photo : France 2
“Je couvre l’affaire Victorine en Isère quand, de retour à Paris pour le week-end, je reçois un SMS me demandant de prendre le premier vol vers Nice le lendemain, pour couvrir la tempête Alex. J’emporte mes Timberland, un imperméable et des bottes puis, une fois dans l’avion, j’aperçois une immense nappe de boue dans la Méditerranée. Je prends conscience à ce moment-là de la violence des intempéries. Avec le JRI et le monteur, on part dans la vallée de la Roya. Sur place, il y a déjà deux collègues, dont un très bon ami, mais ils sont injoignables depuis la veille. J’ai très peur pour eux. Une fois arrivé à Lantosque, dans la vallée de la Vésubie, je n’ai plus aucun réseau. C’est très angoissant, je ne peux plus contacter ma rédaction, je n'ai plus d'information. Pour résumer : je travaille à l’aveugle. Plus tard, mes collègues et moi rencontrons un habitant dont la maison a été éventrée par le cours d’eau. On hésite à le suivre chez lui parce que c’est risqué mais, les pompiers étant juste à côté, on entre pour filmer. Le tournage ne se passe pas comme d'habitude sur les faits divers. Les gens sont surpris d’apprendre qu’on vient de Paris, qu’on s’intéresse à eux. En fin d’après-midi, on trouve un bout de table dans le village pour monter notre reportage puis on rentre à Nice vers 22h, comme tous les soirs. Je travaille 17 jours d'affilée, c’est extrêmement intense mais je me blinde. Sur le terrain, je ne me laisse jamais dépasser par mes émotions.”
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